La forteresse de coton de Philippe Curval

9/02/2011 Alice 0 Comments


Une histoire qui m’a surprise.
Premièrement parce que je m’attendais à ce qu’il soit mauvais. Deuxièmement, parce que le personnage principal m’a fait grincer des dents en l’espace de deux pages. J’en avais feuilleté les premières pages il y a de cela un mois, et devant les descriptions crispantes (pas facile à dire à haute voix !) je l’avais abandonné là en me disant qu’un jour peut-être j’aurais une très bonne raison de le lire.

La raison, la voilà : je suis en ce moment en même en vacances, écrasée sous un soleil que je ne peux pas ignorer en allant me baigner dans la mer, puisqu’il n’y a que de l’herbe et des champs tous frais labourés autour de moi. Mais attention, j’en suis heureuse. Je suis plus escargot, qu’otarie.
Bref, j’ai passé la barrière de « la bouffée de fumée bleu pastel » et de la mer avec « des soubassements d’ardoise et des chatoiements de nacre ». Je suis pourtant plutôt bon public pour les déluges de descriptions avec cinq nuances de rose par phrase (cuisse de nymphe émue, rose pastel, rose bonbon, rose fluo, rose pâle… J’ai mis du temps à trouver le cinquième).
Mais là, cela ne collait pas. J’ai, quand même, résisté à la petite voix qui tentait de me troquer de la lecture contre une sieste agréable, au frais, caressée par la brise légère qui passait à travers les volets de ma chambre.

Et j’ai bien fait ! Il s’agit là d’une histoire d’amour, habilement construite. En plus, elle a l’avantage d’être courte, ce livre étant plus une novella qu’un roman à proprement parler. Pour info, format folio SF, 216 pages.
Donc une histoire d’amour qui démarre par une curieuse ambiance entre Camus et Prévert. Quelque chose de ce genre-là. Un homme nage dans la lagune vénitienne, il suit une femme, trop loin. L’auteur fait en sorte de ne donner aucune voix à cette femme mystérieuse, désirable. Pas une ligne de dialogue sortant de sa bouche. Là j’ai commencé à lire et tourner les pages de plus en plus vite. Son silence devenait oppressant et malheureusement un peu trop agaçant à mon goût. Mais pour le côté agaçant j’en parlerai plus tard. Il ne s’agit donc que d’une histoire d’amour (déception !) avec une vraie construction de récit (respect, c’est élégamment réalisé, j’espérais que cela tourne ainsi ça a été le cas) avec bien évidemment tout ce que peuvent offrir en possibilités les littératures de l’imaginaire.

Alors que dès les premières lignes l’auteur m’a jeté dans une mer de confusion, l’apparition d’éléments fantastiques par petites touches a donné tout son charme à ce récit.
Pour en revenir au côté agaçant, parce qu’il faut bien que je vous parle, inutile de vous mentir j’ai trouvé encore une fois le personnage féminin assez pénible. J’ai eu quelques fois envie de lui allonger une claque. Pour le côté charmant, les descriptions de Venise m’ont carrément convaincue. Je n’y suis jamais allée, mais j’en avais un peu marre de l’image de carte postale qu’ont tendance à nous renvoyer les romans qui la prenne pour décor.
Ici, rien n’est occulté. Il y a les quartiers pauvres, les demeures luxueuses aussi, les gondoles, les touristes, les trattorias… 

Attention, toutefois, il s’agit bien d’une histoire d’amour, qui est au premier plan. Donc si vous craignez un peu cela, comme moi, allez-y à tâtons. Mais je ne vous cacherais pas que vous pourriez avoir tout de même une bonne surprise !

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